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Bien mal échouer

Par Melissa Primeau – le dans Cuisine
Je me confesse. J’abdique en blâmant ma paresse récurrente. Je n’ai pas réussi à atteindre l'objectif que je m’étais fixé. Celui de concocter des plats issus de mon livre de cuisine favori, chaque soir pendant une semaine.

Je me souviens d’avoir eu un énorme engouement pour le projet, qui s’est dissout peu à peu avec le quotidien. Pourtant, je me projetais dans mon livre de Soupesoup. Il allait enfin recevoir la gloire qu’il méritait, l’affection qu’il avait tant attendu à force de rester là, planqué sur la tablette au-dessus de ma sécheuse. Ça m’emballait d’enfin prendre du temps pour lui. Par le fait même, me donner un défi à moi-même et éviter de manger trop de ramens. Je me voyais dans ma cuisine à cuisiner une béchamel ou encore à essuyer le rebord d’une assiette carrée blanche pour qu’ainsi ma présentation soit parfaite. C’était une sorte de petit hommage que j’allais rendre au légendaire film Julie et Julia. Meryl Streep aurait été flattée j’en suis certaine.

Puis la fameuse semaine du défi tant attendu est arrivée, c’est à ce moment que ça s’est gâté. Lundi, raide morte après le travail. C’est bien connu, le lundi c’est épuisant et c’est dur d’en sortir pimpant. Mon divan m’appelait, j’ai succombé et fait la larve une partie de la soirée. Jusqu’à temps qu’il soit trop tard pour entamer toute manipulation culinaire. J’ai mangé mes ramens, pour ensuite rejoindre mon lit en me disant que mardi la motivation y serait. Et c’est ainsi que le restant de la semaine s’est transformé en soir où je ne prenais pas le temps de cuisiner, que j’avais l’impression d’être trop épuisée pour y bâtir un peu de motivation. J’ai lâché prise en remettant ça au lendemain. Finalement, le lendemain est devenue la veille de la soumission de mon article.

C’est donc remplie de ce sentiment pas très cool d’avoir failli à ma tâche toute la semaine que je me suis précipitée à mes fourneaux, le samedi. J’ai ouvert, pour de vrai cette fois-ci, mon livre de recettes. Dans l’empressement de faire la cuisine et de réussir, j’en avais oublié pourquoi je le faisais. Pourquoi si soudainement, j’essayais de camoufler à grands coups de recettes mon faux pas? Comme si j’avais échoué à quelque chose et qu’au lieu d’assumer je tentais de me prouver à moi et aux lecteurs. Comme si tout à coup, plaire était devenu plus important qu’être honnête avec soi-même. Alors, j’ai décidé de ne pas te mentir.

Après cette réflexion semi-profonde sur le fait que je devais être honnête et vraie dans ce que j’écris, j’ai ironiquement tout de même mis les biscuits au four à 350 degrés. 20 minutes plus tard, j’ai réalisé que mon four n’était pas à convection… J’ai donc sorti la plaque du four pour réaliser qu’effectivement j’avais brûlé le dessous des biscuits. J’étais déçue. Mais malgré tout, mon copain et moi avons englouti la moitié de la plaque à biscuits le soir même. Comme quoi des fois, c’est ben correct que se ne soit pas comme on l’avait imaginé, ça donne moins de place à la déception.

Est-ce qu’on peut juste arrêter deux secondes de vouloir tout prévoir? Est-ce qu’on peut arrêter de se sentir mal par peur de décevoir? Des fois, ça marche pas nos affaires, c’est de même pis c’est toute.

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