La première fois qu’on quitte chez nous pour chez soi
Attendre, tout le monde sait que ce n’est pas mon fort. Pourtant, je m’étais convaincue. Rester chez mes parents jusqu’à la fin de mes études, c’était ça le plan. Après tout, ce n’était pas si pire que ça! Arriver à la maison et avoir un souper déjà prêt qui nous attend, ne pas devoir aller faire l’épicerie ou une brassée de lavage après avoir survécu à une grosse journée. C’est le genre de choses qu’on prend pour acquises quand on n’a jamais eu à tout assumer en même temps. C’est le genre de petites choses qui te fait réaliser que tes parents méritent encore plus le titre de superhéros pour gérer tout ça à la fois. C’est le genre de choses qui te fait prendre conscience que dans l’fond, t’étais bien gâté.
Bref, il arrive un moment, un âge, un conflit de pinte de lait de trop, où même si tu les adores, certains irritants prennent plus de place. Ils en prennent tellement que tu ne te sens plus à ta place, comme un visiteur en transit. Et ça, c’est le moment où le beau p’tit plan sage d’économiser des sous et de rester dans le nid familial jusqu’à la fin de tes études prend le bord. Sur un coup de tête, parce qu’une opportunité incroyable s’est pointé le bout du nez ou parce que ta soif de liberté vaut bien son pesant d’or, tu pars.
Le sentiment de se sentir à nouveau chez soi, d’avoir plus qu’une pièce à s’approprier, pour se retrouver, ça fait tellement du bien. C’est un tout nouveau monde. Plus personne pour passer en arrière de toi, plus personne pour te dire quoi faire, c’est sur que c’est l’fun. Ça, c’est les bons côtés. Partir en appart pour la première fois, c’est aussi découvrir que finalement t’es plus intense sur le ménage que tu pensais, que l’épicerie un lundi soir c’est chiant pis qu’avoir des bons lunchs santé toute la semaine c’est de l’organisation.
Quitter le nid familial pour la première fois, c’est aussi s’ennuyer des bons conseils intuitifs de sa mère et des blagues douteuses de son père quand tu feel moyen. Oui, le téléphone est là, mais tu te rends compte que même si tu adores ta complète liberté, tu t’ennuies d’eux beaucoup plus que tu pensais. Que ce soit parce que l’université la plus proche était située à 300 km ou parce que tu n’en pouvais plus de partager la salle de bain avec 4 autres personnes, bien souvent, partir ça rapproche les gens. Ça te permet de remettre bien des situations en perspective, de voir les choses d’un point de vue différent et d’apprécier davantage les moments passés en famille par la suite.
Partir de chez ses parents pour la première fois, c’est apprendre à mieux se connaître et aussi à mieux vivre avec les autres. Dans tous les cas, c’est surtout apprendre qu’on aura toujours sa place parce que, se sentir chez soi, ce n’est pas un endroit particulier; c’est simplement un feeling qu’on ressent quand on est entouré de ceux qu’on aime (bin oui, j’écoute encore beaucoup de films cucul)!